Dans Parfum Sculpture de l’invisible, l’œuvre Vision Transparente se concentre sur la vision, mais non pas comme simple acte de contemplation car ici, l’artiste cherche à élargir l’expérience de l’espace et de la lumière. L’œuvre se compose de trente-deux tubes de verre transparents disposés en cercle, telle une couronne radiale, et d’un anneau central suspendu qui semble battre au cœur du vide. Chaque tube, doré à la feuille d’or à son extrémité extérieure, capte et renvoie la lumière en éclats subtils, devenant des particules suspendues qui dialoguent silencieusement avec le regard du spectateur. Le verre, fragile et presque immatériel, instaure une tension entre le visible et l’insaisissable, entre ce qui est présent et ce qui se dérobe.
La disposition circulaire n’est pas arbitraire : elle évoque à la fois une géométrie cosmique et un rituel intime de rassembler la multiplicité en un centre partagé. Cette constellation de formes suspendues dessine un espace intérieur, une chambre transparente où la lumière et le mouvement deviennent matière vivante. La “danse vitrail” qui traverse les tubes, discrète et secrète, introduit une temporalité subtile dans l’œuvre : il ne s’agit pas seulement de voir, mais de percevoir comment l’inanimé s’anime, comment l’air lui-même se fait chorégraphie. La sculpture ne s’impose pas, elle se suggère ; elle habite l’entre-deux, entre apparition et effacement.
Tout au long de son parcours, Elias Crespin a exploré la tension entre la rigueur géométrique et la poésie du mouvement. Cette pièce, dans le contexte multisensoriel imaginé par Francis Kurkdjian, prolonge cette recherche en dialogue avec l’invisible. Face au parfum, au son, au toucher ou au goût, l’œuvre propose une vision qui ne fixe pas mais qui libère : une vision qui révèle la matière en transition, un éclat qui s’échappe et qui invite à percevoir le vide comme élément constitutif de la forme. C’est sur cette frontière, là où le visible s’ouvre à l’invisible, que résonne le plus profondément cette œuvre.

